vendredi 22 août 2008

Des lendemains redoutables

La paix sauvée ne saurait être le signal de l'abandon. […] Si le pays devait s'abandonner et le maintien de la paix n'était pour lui qu'une raison d'insouciance, nous irions avec rapidité, avec plus de rapidité que vous ne pourriez le croire, à des lendemains redoutables".

Edouard Daladier,
Annales de la Chambre des députés, "Débats parlementaires", volume 199, Session extraordinaire de 1938, pp. 1526-1539.

Cette semaine mis en ligne d'un article sur la crise des Sudètes de septembre 1938.

Plus près de nous, on gesticule à propos du Caucase, de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie que peu de français arrivent à situer sur une carte. On gesticule mais beaucoup moins qu'à Pekin.

Il y a quelques années au plus fort de la guerre en Abkhazie, Efraïm V., son épouse d'origine arménienne et leur fille Martha ont traversé illégalement l'Europe pour se réfugier en France. L'aide pour sortir d'Abkhazie est venue d'un militaire russe. Ensuite il a fallu payer un passeur et voyager caché dans des camions.
Les milices abkhazes avaient tenté d'enlever l'enfant, le père avait été molesté, le grand-père aussi. Les vergers ont été brûlés.

En France devant la commission de recours pour le droit d'asile, un fonctionnaire doutait du "statut" de juif de Monsieur V. aussi, il lui était difficile de croire que la famille avait pu être l'objet de discriminations.
Les images d'Ossétie du sud et d'Abkhazie, quand elles nous parviennent ne doivent pas nous permettre de douter que les populations civiles sont à nouveau victimes.

Si les vergers de la famille d'Efraïm existent encore qui récolte les citrons? Les Géorgiens, les Russes ou les Abkazes ?
La famille V; était une des dernières familles juives "déplacée" par Staline et contrainte à changer de nom.
Aujourd'hui ils vivent en France Mme V. a validé ses diplômes et exerce à nouveau la médecine, Joseph est né ici, loin de Soukhoumi et des vergers.
Mais chaque jour Efraïm et les siens revivent les jours redoutables...